Asymétrie posturale du nourrisson

L’asymétrie posturale fait référence à une préférence positionnelle: un coté est favorisé par rapport à l’autre. Contrairement au torticolis musculaire dont l’origine est une contracture musculaire et dont la préférence positionnelle est obligatoire (l’enfant ne peut pas du tout explorer le coté déficitaire), l’asymétrie posturale peut avoir des origines variées et la posture est dite préférentielle c’est à dire que la mobilité articulaire est préservée (il nous arrive parfois de parler de torticolis postural, le terme torticolis n’étant pas le plus adapté). il s’agit donc plus d’une habitude posturale. Le plus souvent, l’asymétrie posturale est remarquée par les parents dès la naissance, ou dans le 1er mois de vie. Un accompagnement précoce est important pour aider le bébé à retrouver une motricité spontanée complète et physiologique.

Sommaire

Les causes

Auteur: StockPlanets

Le plus souvent, l’asymétrie posturale est d’origine intra-utérine. Pendant la grossesse, la mobilité du bébé pouvait être limitée pour diverses raisons (position, quantité de liquide amniotique, mise au repos prolongé de la maman,…). Il a donc favorisé un côté plus que l’autre.
Il est aussi à noter que les enfants présentant un frein de langue court sont aussi sujets à développer une asymétrie posturale. La langue étant rattachée à l’os hyoïde, lui même relié au crâne et aux cervicales, il est facile de déduire la suite logique du mécanisme.
La succion du bébé est un des premiers mouvements à apparaitre pendant la grossesse (vers 16 semaines), en cas de frein restrictif et/ou de trouble de la succion, le fœtus va déjà devoir développer des compensations posturales, qui seront le siège d’une future asymétrie posturale, de reflux et /ou de troubles du sommeil.

Il peut aussi y avoir des causes péri-natales: accouchement long ou traumatique, utilisation de matériel, cordon autour du cou ou en bretelle, néonatologie,…

Les causes postnatales ne sont pas non plus à mettre de coté. Elles peuvent être la cause principale de l’asymétrie ou bien renforcer une asymétrie déjà présente. Le matériel de puériculture utilisé au quotidien est à choisir avec grand soin car beaucoup de ces matériels limitent la motricité spontanée de l’enfant (cosy, transat, cocoonababy, domoo,…) et sont donc pourvoyeurs d’habitudes motrices dites « de compensation » ayant les mêmes conséquences que les causes organiques sus-citées.

Les conséquences:

Une habitude motrice, ou asymétrie posturale, privilégie donc un coté par rapport à l’autre. Dans la plupart des cas, avec un suivi précoce et adapté, elle est transitoire.
Si le suivi tarde à se mettre en place, l’asymétrie s’installe. Le bébé qui explorait peu un des cotés, va aussi se désintéresser de sa main coté non préférentiel, assimiler ce schéma corporel asymétrique comme « schéma de base » et construire la suite de sa motricité au travers de stratégies de compensations rendant à terme la motricité globale (marche, course, saut,…), la motricité fine (motricité, graphisme, écriture,…) et la coordination (sport, apprentissages scolaires,…) plus couteux en énergie et plus complexes à mettre en place.

Auteur: Rémy

De plus, une asymétrie posturale non corrigée peut rapidement entrainer une déformation crânienne (plagiocéphalie) avec un aspect de tête qui s’aplatit. Cette conséquence est la plus visible et la plus longue à récupérer.

Quels sont les signes?

Ayez en tête qu’une préférence de coté n’est jamais physiologique (y compris la préférence d’une main par rapport à l’autre) avant 1 an.

Les signes d’asymétrie posturale les plus fréquemment retrouvées sont:

  • un bébé qui tourne la tête préférentiellement d’un coté: cela peut vouloir dire qu’il ne tourne jamais de l’autre coté, ou qu’il utilise beaucoup plus facilement un coté que l’autre, ou encore qu’il va des 2 cotés mais donne l’impression qu’il y a un « retour élastique » d’un coté.
  • un bébé qui tourne la tête des 2 cotés mais un coté va moins loin que l’autre.
  • un bébé qui tète mieux dans un sens que dans l’autre: en cas d’allaitement on remarque que la prise d’un sein est plus difficile ou douloureuse, en cas de biberon on se rend compte qu’on ne peut pas alterner les cotés et qu’un seul fonctionne
  • un bébé qui se positionne souvent en « virgule » ou « banane »ou en hyper-extension
    Auteur: Andrey Zhuravlev
  • un bébé qui utilise plus ou mieux une main que l’autre, un bras plus mobile que l’autre
  • une tonsure à l’arrière du crane qui n’est pas symétrique

Ces signes sont évocateurs mais la liste n’est évidement pas exhaustive. En cas de doute, faire un bilan permet d’évaluer les facteurs de risques et les capacités fonctionnelles du nourrisson.

Quelles solutions?

La première des solutions est d’observer votre bébé, et de prendre conseil auprès de votre médecin dès les premiers signes d’asymétrie posturale. Un bilan et de la rééducation  sera prescrit.

Il faudra également veiller à l’environnement de l’enfant:

  • alterner les cotés lors de la prise du biberon
  • respecter l’enroulement physiologique de votre nourrisson
  • éviter les matériels limitant les mouvements spontanés (transat, balancelle, domoo, cosy, coussin d’allaitement hors prise du sein,…)
  • proposer des temps de motricité accompagnée au tapis: en position latérale et en position ventrale lors des temps d’éveil

La Haute Autorité de Santé a publié une fiche conseil à destination des parents afin de prévenir les risques de déformation crânienne, vous la trouverez ici

Que va faire le/la kiné?

Après avoir procédé à l’anamnèse lui permettant de connaitre l’histoire de la grossesse et de la naissance, le kiné va évaluer la motricité du nourrisson, essayer de déterminer la cause de l’asymétrie et donner des conseils aux parents afin d’améliorer l’environnement de l’enfant.

La rééducation aura pour but de rétablir la symétrie, afin que l’enfant puisse de lui-même utilisé ses 2 cotés de façon spontanée et sans effort ni douleur. On s’assurera aussi que l’ensemble du schéma corporel est intégré sans compensation motrice. La durée de la rééducation est variable selon chaque enfant. Elle va de quelques semaines à quelques mois. Il est à noter que plus la prise en soin est précoce, plus la rééducation est courte et efficace.

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